L’arbre qui noirci la plaine
a cent ans d’affiner ses miels,
de trembler sous la joie du ciel
allongeant ses fruits assaisonnés,
d’écouter le silence de la nuit,
et de voir les jeunettes du chemin,
perpétuellement sans rien leur dire…
Les laboureurs avec le fer à l’épaule
arrivent dans l’épanouissement de l’après midi,
et ils pensent en le regardant, simplement:
“déjà il rendit ses fruits juteux,
et donne ses bras nus à la hache
pour la nourriture du foyer: coupons le”.
Oh inquiétude vespérale! Comme tremble
ma chair telle la branche secouée
de l’arbre qui noirci la plaine!
J’ai mal au cœur… Dans le lointain
horizon s’allument les foyers,
et avec un rythme fragile et léger
on dirait que pleurent les palmiers.
Je reste en me demandant à moi même:
à quoi sert un arbre?
Pour lui donner quatre tiges d’ombre au gazon tremolo?
Pour trembler sous le bleu du ciel étalant ses fruit assaisonnés?
Pour écouter le silence de la nuit?
Pour voir les jeunettes du chemin,
perpétuellement, sans rien leur dire?
Je reste en me demandant à moi même
dans l’éclat de la nuit qui descend;
et elle, qui en paix ses lumières allume,
dilate mon anxiété avec son mutisme…