VERTU INTERIEURE (Haití 1908)

J’arrive ici comment hier, simplement;
et au milieu des champs
j’abandonne mon corps
sur l’herbe facile.

Ni voix qu’interrompent la secrète
communion de la vie;
ni livres imposants
ni excès de mots.

Doux ciel automnal sur les vallées;
l’eau limpide, le gazon,
l’ineffable simplicité des choses;
et moi, sans ligatures,
cherchant le cap certain
à l’ombre de Dieu qui me soutient.

Et l’émotion que me donneront les souffles du bois, saintement,
et l’extase divin du silence dessous les arbres…

La nuit bleue me couvre;
mon front s’entoure d’ iris et d’étoiles,
et est née ma bonté et va coulant;

et dans l’inquiétude absorbé,
sur l’herbe tremolo,
mon cœur humble aime toutes les choses;
et sent bouillir mon sang,
et je veux la verser,
et cette vertu sanglante
va me purifiant…