Je fuis cette douleur qui m’a fait un jour
sous le mystère incognito du ciel
saigne l’âme silencieusement…
à quoi depuis les arides rivages
étendre la vue à l’horizon?
-Le clair baiser de la lumière dans l’extension fait naufrage-
et avant que l’ombre ne me dérobe,
j’éteindrai mon esprit inquiet dans l’éclat violet de l’après-midi…
Déjà sur la mer en tours tumultueux
je ne verrai plus la convulsion énorme
qui trempait ma vigueur, ni dans la maturité propice et flatteuse du blé,
je n’épargnerai mes yeux mourants;
maintenant je n’attellerai plus les mains tremblantes au tronc du chêne,
qui servait à grimper jusqu’au feuillage paisible,
ni plus jamais sur la ferveur de la prairie répliquera la sonnaille des mes chants;
je ne verrai plus la lueur de la lune qui se cassait dans les bleus monts…
Je ne verrai plus les yeux des enfants!
Toi, parfum et rumeur du champ ombragé,
girandole de roses idéales, amphore de vertu exaltée-
toi- la magicienne de vingt printemps,
alanguie fiancée de pupilles profondes
qui croise sous l’arbre du rêve,
Pardonne moi!
-la flamme qui s’évanouit sur les monts du confins ne vient pas,
la foi s’évanouit, l’illusion s’évanouit, la force languit et s’évanouit…
et avant que les ombres ne m’entourent,
J’éteindrai mon esprit inquiet
dans la flamme violette de l’après-midi!